Jean-Claude Hujeux
Lundi 27 février : le bateau revient de Villa O'Higgins🙂
Nous avons dĂ©jĂ nos habitudes, prenons le petit-dĂ©jeuner dans la cuisine, il est largement passĂ© 9 heures. Â
Ricardo nous précise les nouvelles: dans l'après-midi il y aurait une fenêtre météo favorable, et le deuxième bateau, de 10 places est réparé. Les 2 bateaux pourraient donc venir, ainsi que le bateau des carabiniers pour amener l'équipe de télé. Voilà des bonnes nouvelles potentielles... Nous verrons bien ce soir.
Maria-Luiza nous indique que Diego a proposé d'emmener les personnes intéressées pour une randonnée. Les suissesses et nous sommes intéressés.  Après un passage rapide au hot-spot, nous voilà partis.
Diego nous propose une rando jusque l'ancienne maison de Ricardo et Tito, son frère, et de nous conter l'histoire de cette rĂ©gion.Â
Très vite nous passons devant la tombe de Candelario Mancilla, juste à côté du chemin à la sortie de la ferme. Diego nous explique qu'il est embaumé "como Lenine", et que le président du pays était venu à ses obsèques dans les années 60, signe de l'importance qu'il a pour l'histoire du Chili dans cette partie du pays.
Il était le grand-père de Ricardo et Tito, et fut le premier à s'installer dans cette zone au début du 20ème siècle. Il proposa a un ami, Jerónimo Levican, de s'installer aussi dans la zone. Ce dernier se maria avec la fille de Candelario Mancilla, ce qui réunit dans la famille l'ensemble des terres entre le lac O'Higgins et la frontière argentine.
C'est vers la maison de Jeronimo que la rando du jour nous amène, lĂ oĂą Ricardo, Tito et leurs 6 frères et soeurs grandirent, et qui est abandonnĂ©e aujourd'hui, la famille s'Ă©tant regroupĂ©e sur le site de la maison initiale de Candelario Mancilla Ă la mort de JerĂłnimo, lĂ oĂą l'activitĂ© touristique de Ricardo est situĂ©e.Â
Le chemin passe par le pont del obstáculo, construit par Candelario. Il enjambe un Rio impĂ©tueux. A l'Ă©poque on le traitait de fou d'entreprendre ce projet, qu'il construisit aidĂ© d'un voisin. Aujourd'hui le pont est toujours debout.Â
Diego nous conte également le conflit plus récent entre l'Argentine et Chili en ce qui concerne la frontière : les deux pays revendiquaient la possession du lac del desierto. Le différent alla jusqu'à un affrontement entre les militaires des deux pays, qui se solda par la mort d'un carabinier chilien, dans les années 60. Le différent fut résolu par un accord en 1998.
Nous arrivons après une bonne heure 1/2 d'une marche rapide à la maison de Jerónimo. Le site est agréable, nous mangeons les fruits des arbres fruitiers du jardin.
Le lac O'Higgins quant-Ă lui est toujours aussi beau:
A l'intĂ©rieur de la maison, le mobilier et de la vaisselle sont encore prĂ©sents.Â
Le retour est un peu moins rapide.
Nous nous arrĂŞtons a l'embarcadère pour mettre les pieds dans l'eau. Un groupe de 3 italiens arrivĂ©s hier prennent le soleil. Nous trempons nos pieds, il ne faut qu'une poignĂ©e de secondes pour que la sensation de froid devienne douloureuse. Les italiens finiront par se baigner... quelques secondes.Â
Retour à Santa Teresita. Tout le monde cherche à avoir des nouvelles du bateau, mais il n'y en n'a pas. C'est l'heure de l'apéro autour de la table de la cuisine puis du repas.
Ce soir un russe qui vit en Hongrie depuis 20 ans partage le repas. Il est programmeur, et a pris un sabbatique, a appris l'espagnol pour faire ce voyage, et il se dĂ©brouille plutĂ´t bien. Maria-Luiza l'a Ă la bonne.Â
Bientôt la nouvelle arrive, le bateau des carabiniers est arrivé avec l'équipe de télé et l'autre - celui de 16 personnes - ne saurait tarder. Ça c'est la bonne nouvelle. L'autre ne viendra pas, ça c'est la mauvaise pour nous. A moitié seulement, car ça signifie quand même que nous deviendrons numéro 1, 2 3 et 4 sur la prochaine liste 🥴.
Effectivement la porte de la cuisine ne tarde pas à s'ouvrir. Ce sont les 16 venant de Villa O'Higgins avec leurs sac à dos, mouillés car il pleut, qui remontent de l'embarcadère et viennent s'enregistrer. Maria-Luiza fait la police: un ou deux à la fois, on frappe avant d'entrer (c'est vrai que c'est la maison où elle vit, on a tendance à l'oublier), c'est l'article 12 du règlement des lieux, le plus important dit-elle.
Une fois les arrivants enregistrĂ©s et sachant qu'un dĂ©part est maintenant prĂ©vu pour le lendemain après-midi, il faut actualiser la liste. Diego nous rejoint dans la cuisine, et aide Maria-Luiza Ă faire le point. La nouvelle information est que deux filles chiliennes du coin sont sur la liste, qui connaissent les carabiniers et repartiraient sur leur bateau. Cela libĂ©rerait 2 places, ne manquent plus qu'une pour que nous soyons sur le bateau. Diego nous dit alors qu'il propose de nous laisser sa place, qu'il est bien ici. En riant il nous dit Ă condition qu'il ait une compensation pour chaque jour d'attente additionnelle. Je propose 6 bières par jour et nous topons la🤣. Â
Ils comptent et recomptent, à partir de la liste des gens enregistrés sur le livre officiel des entrées: nous serions bien sûr le prochain bateau, et Diego commence d'écrire la liste des gens qui partent. Entre alors Lilly avec la liste "officielle" tenue a jour par les campeurs. C'est un vrai sketch🤣🤣🤣. Ça compare, ça compte et recompte encore, dans la bonne humeur et les éclats de rire. Cela confirme que nous serons sur le prochain bateau, et ce serait demain après-midi.
C'est inespĂ©rĂ© ! Lilly sort, avec Maria-Luiza, pour annoncer la liste aux campeurs. Nous sommes alors seuls avec Diego, qui nous confie sous le sceau du secret que lui aussi sera sur le bateau des carabiniers.Â
Comme la bonne nouvelle s'est rĂ©pandue, c'est le dĂ©filĂ© dans la cuisine pour acheter des bières et du vin. Il est près de minuit lorsque nous retournons Ă notre chambre pour prĂ©parer nos sacs Ă dos pour le lendemain et nous coucher. Du cĂ´tĂ© des campeurs ça chante et ça trinque encore quand nous nous endormons.Â
Le podomètre de Carole indique 16 729 pas.